Qu’est ce que le Buncheong ?
Le Buncheong et les techniques
Le mot Buncheong est un diminutif pour bunjang-hoecheong* , un mot coréen significant celadon décoré. Ko Yuseop** inventa ce mot afin de qualifier un genre de céramique coréenne présentant une couleur gris-vert après l’émaillage et la cuisson et qui était recouvert de blanc après qu’on y ait appliqué un engobe de terre blanchâtre. Le style Buncheong se caractérise par des variations de décorations liées à l’usage de la technique à l’engobe blanc.*** Le tesson et les émaux utilisés perpétuent le genre celadon qui l’avait précédé, mais à la différence près que la terre du Buncheong présente un taux de fer inférieur à la terre des céladons, ce qui leur donne une couleur plus claire. Des différences inhérentes au processus de fabrication d’une région à l’autre et durant des périodes différentes ont aussi contribué à générer une diversification au sein du style céramique portant le nom de Buncheong.
La surproduction et la commercialisation des céladons Goryeo à la fin du quatorzième siècle provoqua une baisse de la qualité des pièces. La transition entre la dynastie Goryeo et la dynastie Joseon amena des changements de style, et de nouvelles tendances techniques apparurent dans la fabrication de céladons. L’amélioration des matériaux, de l’esthétique ainsi que des techniques décoratives constitua un tournant significatif pour les céladons Goryeo. Le Buncheong évolua dans ce contexte, et c’est la raison pour laquelle tous les éléments qui le composent proviennent en droite ligne des céladons Goryeo. Mais bien qu’il soit majoritairement produit grâce à la même terre, aux mêmes émaux et qu’il soit décoré à l’aide de techniques semblables, les formes et l’expression du Buncheong le distinguent clairement des céladons Goryeo. On considère d’autre part que c’est tout particulièrement la technique d’application d’un engobe blanc qui divise le Buncheong en deux catégories distinctes. Le style céramique peut plus précisément être classifié en sept types différents, selon la technique employée.
La première catégorie est appelée Sanggam Buncheong, est elle réalisée par l’application d’entailles avant que le tesson ne sèche, et qui seront ensuite remplis avec de la terre blanche. Ce genre se subdivise lui-même en deux types différents : l’un est simplement appelée Sanggam (incrustation), et l’autre est un genre appelé Inhwa (estampage). Certains Sanggam sont perçus comme étant dans le style Joseon, mais on ne peut pas facilement les distinguer des céladons Goryeo tardifs. A l’inverse, le Buncheong de type Sanggam datant de la période Joseon est incrusté de formes larges plutôt que de lignes, et présente de plus des décorations faites de motifs innovants. On note aussi que les parties incrustées prennent plus d’importance que celles qu’on peut observer sur les céladons Goryeo.
Le Buncheong Inhwa (‘estampage’, dans ce cas précis l’estampage de motifs floraux) est différent du type Sanggam car les entailles sont effectuées au moyen d’une technique différente. L’utilisation du poinçon pour graver des motifs ne nécessitait pas autant d’efforts à fournir que dans la technique du type Sanggam, dans laquelle chaque décoration devait être gravée l’un après l’autre. Le Buncheong Inhwa pouvait ainsi être produit en très grandes quantités, et cette production importante le rend particulièrement précieux dans le cadre de recherches sur la céramique Buncheong de cette période précise. Une partie de la production d’Inhwa Buncheong était principalement destinée à la famille royale ou aux élites, et la production était administrée par une institution officielle, avec le nom du potier apposé sur la pièce. C’est ainsi que la qualité et la forme du Inhwa Buncheong fut maintenue dans tout le pays, sans que se manifestent des caractéristiques locales, contrairement aux autres Buncheong.**
L’autre catégorie appelée Bunjang Buncheong présente un effet expressif au moyen de motifs décoratifs réalisés au moyen d’une application d’engobe blanc sur la surface du tesson ou d’application d’engobe sur la pièce entière. Il existe une technique de Sanggam inversé appelé Bakji (sgraffito) consistant à appliquer généralement avcc un pinceau de l’engobe blanc sur la surface du tesson, puis d’enlever toute la terre à l’intérieur du motif prévu. Cela permet d’obtenir un contraste entre le tesson et la terre blanche qui a été appliqué comme engobe. Il existe un véritable lien entre le Bakji Buncheong et le style céramique Cizhou en raison de similarités techniques manifestes. Mais il serait néamoins plus logique de percevoir le Bakji comme une technique ayant naturellement évolué à partir de la technique de sanggam de champs. Le Buncheong de type Johwa (incisé) est aussi appelé Sunhwa (gravures en ligne), car il est constitué de lignes gravées. Cela était généralement appliqué au moyen de techniques appelées Bakji, et fut populaire durant la fin du quinzième siècle dans la province de Jeolla, qui se trouve au sud-ouest de la péninsule coréenne. Le Buncheong de type Cheolhwa (oxyde de fer sous couverte) est produit en peignant des motifs au moyen d’une terre rouge et ferreuse. Cette technique est aussi appelée Gyeorongsan Buncheong, car il fut principalement conçu aux environs de la montagne Gyerong, près de la ville de Gongju. Il fut surtout produit entre la fin du quinzième et le début du seizième siècle au moyen d’une technique de peinture au pinceau qui venait elle-même de la porcelaine bleue et blanche majoritairement produite dans la région de Gwanju, province de Gyeonggi. Mais l’esthétique des peintures du style Cheolhwa est sensiblement plus proche des goûts actuels, radicalement différente de celle produite par les peintres professionnels des fours royaux.
Le style appelé Guyal Buncheong (au pinceau) est décoré uniquement avec de l’engobe blanc appliqué avec un ‘Guiyal’, qui est un ustensile ressemblant à une grande brosse. Le Guiyal Buncheong se caractérise par une texture provenant de l’usage de cet outil. Le mot Dumbeong (trempage) est une onomatopée présente dans la langue coréenne qui représente le son d’un objet entrant en contact avec un liquide avant de tomber dedans. Le Dumbeong Buncheong est réalisé au moyen d’une technique de trempage permettant d’appliquer l’engobe à l’intérieur et à l’extérieur en tenant le pied de la pièce et en l’immergeant à l’envers dans l’engobe. C’est la raison pour laquelle le pied de la majorité des pièces Dumbeong Buncheong n’est pas recouvert de blanc. On assiste durant la dernière phase du Buncheong Joseon à une émulation du blanc de la porcelaine blanche Joseon, et c’est ainsi que les Buncheong de type Guiyal et Dumbeong furent aussi principalement produits dans la province de Joella au seizième siècle.
* Bunjang signifie « décorer » et hoecheong veut dire céladon grisâtre. Le sens de chaque mot est le suivant : bun (紛)-poudre, poudre pour le visage (cosmétique), pigment, coloration, mettre du maquillage, blanc ; jang (粧)- décorer, appliquer du maquillage, s’habiller, se déguiser ; hoe (灰)- cendre, lime, poussière, (couleur) grise, grisâtre ; cheong (靑) - bleu, vert.
** Ko Yuseop (1905-1944), également connu sous son pseudonyme Uhyeon, a été le premier coréen à établir un cadre académique moderne pour l'art et l'esthétique coréens pendant l'occupation coloniale japonaise. Voir son essai,
“La céramique Goryeo et la céramique Joseon,” L’histoire des arts coréens et de l’esthétique coréenne (Tongmungwan, 1963).
*** Dans la majorité des recherches occidentales, c’est le mot japonais ‘mishima’ qui est utilisé pour qualifier la céramique Buncheong de la période Joseon, mais il s’agit d’une erreur. Il est important d’utiliser le terme coréen adéquate Buncheong afin de la différencier du genre mishima, qui est en réalité une évolution du Buncheong en un style japonais.
**** Kang, Kyung-sook, op. cit., pp. 127-128.
Le mot Buncheong est un diminutif pour bunjang-hoecheong* , un mot coréen significant celadon décoré. Ko Yuseop** inventa ce mot afin de qualifier un genre de céramique coréenne présentant une couleur gris-vert après l’émaillage et la cuisson et qui était recouvert de blanc après qu’on y ait appliqué un engobe de terre blanchâtre. Le style Buncheong se caractérise par des variations de décorations liées à l’usage de la technique à l’engobe blanc.*** Le tesson et les émaux utilisés perpétuent le genre celadon qui l’avait précédé, mais à la différence près que la terre du Buncheong présente un taux de fer inférieur à la terre des céladons, ce qui leur donne une couleur plus claire. Des différences inhérentes au processus de fabrication d’une région à l’autre et durant des périodes différentes ont aussi contribué à générer une diversification au sein du style céramique portant le nom de Buncheong.
La surproduction et la commercialisation des céladons Goryeo à la fin du quatorzième siècle provoqua une baisse de la qualité des pièces. La transition entre la dynastie Goryeo et la dynastie Joseon amena des changements de style, et de nouvelles tendances techniques apparurent dans la fabrication de céladons. L’amélioration des matériaux, de l’esthétique ainsi que des techniques décoratives constitua un tournant significatif pour les céladons Goryeo. Le Buncheong évolua dans ce contexte, et c’est la raison pour laquelle tous les éléments qui le composent proviennent en droite ligne des céladons Goryeo. Mais bien qu’il soit majoritairement produit grâce à la même terre, aux mêmes émaux et qu’il soit décoré à l’aide de techniques semblables, les formes et l’expression du Buncheong le distinguent clairement des céladons Goryeo. On considère d’autre part que c’est tout particulièrement la technique d’application d’un engobe blanc qui divise le Buncheong en deux catégories distinctes. Le style céramique peut plus précisément être classifié en sept types différents, selon la technique employée.
La première catégorie est appelée Sanggam Buncheong, est elle réalisée par l’application d’entailles avant que le tesson ne sèche, et qui seront ensuite remplis avec de la terre blanche. Ce genre se subdivise lui-même en deux types différents : l’un est simplement appelée Sanggam (incrustation), et l’autre est un genre appelé Inhwa (estampage). Certains Sanggam sont perçus comme étant dans le style Joseon, mais on ne peut pas facilement les distinguer des céladons Goryeo tardifs. A l’inverse, le Buncheong de type Sanggam datant de la période Joseon est incrusté de formes larges plutôt que de lignes, et présente de plus des décorations faites de motifs innovants. On note aussi que les parties incrustées prennent plus d’importance que celles qu’on peut observer sur les céladons Goryeo.
Le Buncheong Inhwa (‘estampage’, dans ce cas précis l’estampage de motifs floraux) est différent du type Sanggam car les entailles sont effectuées au moyen d’une technique différente. L’utilisation du poinçon pour graver des motifs ne nécessitait pas autant d’efforts à fournir que dans la technique du type Sanggam, dans laquelle chaque décoration devait être gravée l’un après l’autre. Le Buncheong Inhwa pouvait ainsi être produit en très grandes quantités, et cette production importante le rend particulièrement précieux dans le cadre de recherches sur la céramique Buncheong de cette période précise. Une partie de la production d’Inhwa Buncheong était principalement destinée à la famille royale ou aux élites, et la production était administrée par une institution officielle, avec le nom du potier apposé sur la pièce. C’est ainsi que la qualité et la forme du Inhwa Buncheong fut maintenue dans tout le pays, sans que se manifestent des caractéristiques locales, contrairement aux autres Buncheong.**
L’autre catégorie appelée Bunjang Buncheong présente un effet expressif au moyen de motifs décoratifs réalisés au moyen d’une application d’engobe blanc sur la surface du tesson ou d’application d’engobe sur la pièce entière. Il existe une technique de Sanggam inversé appelé Bakji (sgraffito) consistant à appliquer généralement avcc un pinceau de l’engobe blanc sur la surface du tesson, puis d’enlever toute la terre à l’intérieur du motif prévu. Cela permet d’obtenir un contraste entre le tesson et la terre blanche qui a été appliqué comme engobe. Il existe un véritable lien entre le Bakji Buncheong et le style céramique Cizhou en raison de similarités techniques manifestes. Mais il serait néamoins plus logique de percevoir le Bakji comme une technique ayant naturellement évolué à partir de la technique de sanggam de champs. Le Buncheong de type Johwa (incisé) est aussi appelé Sunhwa (gravures en ligne), car il est constitué de lignes gravées. Cela était généralement appliqué au moyen de techniques appelées Bakji, et fut populaire durant la fin du quinzième siècle dans la province de Jeolla, qui se trouve au sud-ouest de la péninsule coréenne. Le Buncheong de type Cheolhwa (oxyde de fer sous couverte) est produit en peignant des motifs au moyen d’une terre rouge et ferreuse. Cette technique est aussi appelée Gyeorongsan Buncheong, car il fut principalement conçu aux environs de la montagne Gyerong, près de la ville de Gongju. Il fut surtout produit entre la fin du quinzième et le début du seizième siècle au moyen d’une technique de peinture au pinceau qui venait elle-même de la porcelaine bleue et blanche majoritairement produite dans la région de Gwanju, province de Gyeonggi. Mais l’esthétique des peintures du style Cheolhwa est sensiblement plus proche des goûts actuels, radicalement différente de celle produite par les peintres professionnels des fours royaux.
Le style appelé Guyal Buncheong (au pinceau) est décoré uniquement avec de l’engobe blanc appliqué avec un ‘Guiyal’, qui est un ustensile ressemblant à une grande brosse. Le Guiyal Buncheong se caractérise par une texture provenant de l’usage de cet outil. Le mot Dumbeong (trempage) est une onomatopée présente dans la langue coréenne qui représente le son d’un objet entrant en contact avec un liquide avant de tomber dedans. Le Dumbeong Buncheong est réalisé au moyen d’une technique de trempage permettant d’appliquer l’engobe à l’intérieur et à l’extérieur en tenant le pied de la pièce et en l’immergeant à l’envers dans l’engobe. C’est la raison pour laquelle le pied de la majorité des pièces Dumbeong Buncheong n’est pas recouvert de blanc. On assiste durant la dernière phase du Buncheong Joseon à une émulation du blanc de la porcelaine blanche Joseon, et c’est ainsi que les Buncheong de type Guiyal et Dumbeong furent aussi principalement produits dans la province de Joella au seizième siècle.
* Bunjang signifie « décorer » et hoecheong veut dire céladon grisâtre. Le sens de chaque mot est le suivant : bun (紛)-poudre, poudre pour le visage (cosmétique), pigment, coloration, mettre du maquillage, blanc ; jang (粧)- décorer, appliquer du maquillage, s’habiller, se déguiser ; hoe (灰)- cendre, lime, poussière, (couleur) grise, grisâtre ; cheong (靑) - bleu, vert.
** Ko Yuseop (1905-1944), également connu sous son pseudonyme Uhyeon, a été le premier coréen à établir un cadre académique moderne pour l'art et l'esthétique coréens pendant l'occupation coloniale japonaise. Voir son essai,
“La céramique Goryeo et la céramique Joseon,” L’histoire des arts coréens et de l’esthétique coréenne (Tongmungwan, 1963).
*** Dans la majorité des recherches occidentales, c’est le mot japonais ‘mishima’ qui est utilisé pour qualifier la céramique Buncheong de la période Joseon, mais il s’agit d’une erreur. Il est important d’utiliser le terme coréen adéquate Buncheong afin de la différencier du genre mishima, qui est en réalité une évolution du Buncheong en un style japonais.
**** Kang, Kyung-sook, op. cit., pp. 127-128.
Du céladon au Buncheong
Le céladon de qualité porcelaineuse apparut d’abord en Chine, et son utilisation était strictement réservé à des usages spécifiques. Il commença cependant à être employé au quotidien et cet usage influença les pays voisins dès le huitième siècle. En Corée, durant la seconde partie de la période Silla Unifiée, le céladon en porcelaine fut importé de Chine pour principalement servir de commodité en tant que vaisselle. Cela se passa dans les régions côtières du Sud et de l’Ouest de la Corée, qui étaient sous la domination d’un nouveau pouvoir. Durant l’avènement de la dynastie Goryeo à la fin du dixième siècle, les coréens commencèrent à produire leurs propres céladons en recrutant des potiers chinois qui avaient officié aux fours de Yuezhou. Cette production domestique ne fut possible que grâce au fait que les coréens possédaient déjà la maîtrise de la technique de cuisson en réduction à haute température et que des émaux à base de cendres avaient déjà été produits dès les huit et neuvième siècles. Mais cela était aussi dû à la connaissance de la céramique que possédaient les habitants de la Péninsule coréenne, exemplifiée par le goût pour la céramique importée de Chine et une demande accrue pour de l’artisanat de luxe. Grâce à des améliorations notables dans le domaine de la transparence des émaux, le céladon Goryeo put finalement exprimer à la fois la texture mais aussi la couleur caractéristique du tesson. C’est à travers cette technologie que les qualités esthétiques intrinsèques du céladon Goryeo purent être réalisées. Ils se distinguaient des céladons chinois grâce à leur décoration plus sobre ainsi que des formes moins extravagantes.
Le céladon Goryeo connut son apogée entre le douzième et le treizième siècle, une période durant laquelle toutes sortes de variétés de céladon Goryeo de couleur vert jade furent produites (et dont la qualité était appréciée jusqu’en Chine), ainsi que le céladon Sanggam. Mais la résistance aux envahisseurs mongols (1251-1259) ainsi que les contacts avec la dynastie chinoise des Yuan provoqua un déclin du céladon Goryeo. La couleur pure et l’esthétique délicate et élégante qui les caractérisait laissa place à des décorations appliquées uniquement à la surface des pièces et des motifs réalisés de façon répétitive. Ces tendances décoratives apparurent en réponse à une forte demande pour les céladons, en raison de la popularité de ce genre céramique en tant que vaisselle à usage quotidien. Cette production sur une grande échelle provoqua graduellement une baisse de qualité dans la couleur des émaux et des tessons, les motifs eux-mêmes étant placés de manière lâche; des facteurs qui causèrent le déclin du céladon Goryeo. Ayant autrefois atteint une véritable perfection technique et développé des caractéristiques uniques, la déliquescence progressive de ce céladon alla de pair avec l’apparition de tendances et de techniques nouvelles dans le domaine céramique. C’est ainsi qu’apparut le bunjan, comme s’utilise le maquillage pour cacher des taches de pigmentation.
Le céladon de qualité porcelaineuse apparut d’abord en Chine, et son utilisation était strictement réservé à des usages spécifiques. Il commença cependant à être employé au quotidien et cet usage influença les pays voisins dès le huitième siècle. En Corée, durant la seconde partie de la période Silla Unifiée, le céladon en porcelaine fut importé de Chine pour principalement servir de commodité en tant que vaisselle. Cela se passa dans les régions côtières du Sud et de l’Ouest de la Corée, qui étaient sous la domination d’un nouveau pouvoir. Durant l’avènement de la dynastie Goryeo à la fin du dixième siècle, les coréens commencèrent à produire leurs propres céladons en recrutant des potiers chinois qui avaient officié aux fours de Yuezhou. Cette production domestique ne fut possible que grâce au fait que les coréens possédaient déjà la maîtrise de la technique de cuisson en réduction à haute température et que des émaux à base de cendres avaient déjà été produits dès les huit et neuvième siècles. Mais cela était aussi dû à la connaissance de la céramique que possédaient les habitants de la Péninsule coréenne, exemplifiée par le goût pour la céramique importée de Chine et une demande accrue pour de l’artisanat de luxe. Grâce à des améliorations notables dans le domaine de la transparence des émaux, le céladon Goryeo put finalement exprimer à la fois la texture mais aussi la couleur caractéristique du tesson. C’est à travers cette technologie que les qualités esthétiques intrinsèques du céladon Goryeo purent être réalisées. Ils se distinguaient des céladons chinois grâce à leur décoration plus sobre ainsi que des formes moins extravagantes.
Le céladon Goryeo connut son apogée entre le douzième et le treizième siècle, une période durant laquelle toutes sortes de variétés de céladon Goryeo de couleur vert jade furent produites (et dont la qualité était appréciée jusqu’en Chine), ainsi que le céladon Sanggam. Mais la résistance aux envahisseurs mongols (1251-1259) ainsi que les contacts avec la dynastie chinoise des Yuan provoqua un déclin du céladon Goryeo. La couleur pure et l’esthétique délicate et élégante qui les caractérisait laissa place à des décorations appliquées uniquement à la surface des pièces et des motifs réalisés de façon répétitive. Ces tendances décoratives apparurent en réponse à une forte demande pour les céladons, en raison de la popularité de ce genre céramique en tant que vaisselle à usage quotidien. Cette production sur une grande échelle provoqua graduellement une baisse de qualité dans la couleur des émaux et des tessons, les motifs eux-mêmes étant placés de manière lâche; des facteurs qui causèrent le déclin du céladon Goryeo. Ayant autrefois atteint une véritable perfection technique et développé des caractéristiques uniques, la déliquescence progressive de ce céladon alla de pair avec l’apparition de tendances et de techniques nouvelles dans le domaine céramique. C’est ainsi qu’apparut le bunjan, comme s’utilise le maquillage pour cacher des taches de pigmentation.
(extraits de Dialogue & Becoming écrit par Moon Yujin, traduction français par Oliver Constable)